dimanche 21 mai 2017

"Une sœur pas comme les autres" de Michèle Taïeb



"Un désir de compréhension et d'écriture taraudait la comédienne et metteur en scène, Michèle Taïeb.
Elle s'est livrée au témoignage de son enfance avec sa jeune sœur handicapée Patricia. Comment exister face aux autres lorsqu'on vit dans l'ombre de cette «sœur pas comme les autres»?
Pourquoi reproduire des situations d'échecs dans sa vie d'adulte ?
Quel sens donner à sa vie lorsqu'on est accaparé par le handicap d'un être aimé ?
Michèle Taïeb s'applique à dénouer l'écheveau de ses rapports au monde, pénétré de l'image de sa sœur, son double tranchant. L'auteur traduit d'un langage intense les émotions d'une famille qui reste désarmée et atteinte dans sa chair par le handicap d'un de ses membres. Elle fait entendre sa voix et son travail sur elle-même, et ses mots sonnent juste." Psychonet.fr


Ce que je retiens de ce magnifique livre, c'est ce paragraphe.
Michelle interroge son petit frère Eric sur ce qu'il ressentais par rapport à leur sœur Patricia :

"Il se dit avoir été incapable, petit, de prendre une place dans la famille, de revendiquer une existence. Sentiment de n'avoir jamais été écouté. Famille nombreuse, bruyante...
- Un peu comme un circuit de formule 1. Ça partait dans tous les sens, ça allait trop vite, je me faisais dépasser. Je ne faisais pas le poids. Dès que je me mettais en jeu, j'étais éjecté; alors je m'en allais comme Linus avec ma couverture en suçant mon doigt. J'allais ailleurs. Dormir ... C'est ce que je faisais tout le temps, m'en aller dormir.
Dormir ... Se retirer ... S'absenter du monde ... Il me parle de cette absence. Celle qu'il a souvent ressentie à côté d'elle. Son absence à lui, à la limite de l'indifférence. Coupable. Jusqu'à ce qu'il comprenne que cette absence-là était une façon de se couper de ses sentiments, parce trop violents. Il fallait la protéger, se taire. Inhibition totale ... étrangère à lui-même. Fureur de ses désirs interdits. Fureur de vouloir la renverser, la détrôner, ou plutôt la remettre à sa place, la jeter hors de lui, parce qu'à force de lui abandonner ses désirs, il l'a laissé s'introduire en lui. Comme un parasite."

Ce paragraphe du livre ma vraiment touché car je me suis reconnu dans les mots de ce frère. 
Famille nombreuse, bruyante, je n'ai osé faire mes premiers pas qu'à 18 mois, ensuite quand il y avait trop de bruit, je m'isolais dans un coin seule en me racontant des histoires et en me chantonnant des chansons dans la tête. Ce qui me reste aujourd'hui encore quand je ne suis pas bien, je "meumeume". Du verbe "meumeumer" (chantonner la bouche fermer) :) Pipia le fait beaucoup, j'ai surement dû apprendre ça d'elle.

Voilà pour ce merveilleux livre, je vous le conseille !

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